16ème Dimanche du Temps ordinaire

20 juillet 2025 – Année C

(Gn 18, 1-10a ; Col 1, 24-28 ; Lc 10, 38-42)

Partages d’Évangile des missionnaires

Dans sa montée vers Jérusalem, Jésus fait halte dans un village dont l’Évangile ne mentionne pas le nom. Un lieu qui pourrait être le nôtre, notre quartier ou notre communauté. Il entre discrètement, tel un voyageur fatigué, prenant parfois le visage des migrants, des réfugiés, des sans-abri ou ces visages familiers chargés de souffrance et d’espérance, souvent ignorées.

Ce passage, faisant suite à la parabole du samaritain, vient compléter l’enseignement sur le double commandement de l’amour : l’amour de Dieu et l’amour du prochain. En effet, si la parabole du Samaritain met l’accent sur l’amour du prochain, la rencontre avec Marthe et Marie illustre, quant à elle, l’amour du Seigneur Dieu (cf. Lc 10, 27). On dirait que saint Luc cherche à ouvrir nos yeux sur la manière dont nous accueillons Jésus et son Évangile dans notre vie.

Marthe et Marie : deux attitudes complémentaires. L’une, à l’image de la veuve de Sarepta ou de la femme de Shounem (1R 7,10ss ; 2R 4,10), s’affaire avec générosité pour accueillir.

L’autre incarne l’écoute silencieuse, cette écoute contemplative que le Père recommande au jour de la Transfiguration : « Écoutez-le ». L’une ouvre les portes de sa maison, l’autre ouvre les portes de son cœur.

Marthe et Marie vivent en chacun de nous, mais aussi autour de nous. En nous, car il nous arrive d’adopter, consciemment ou non, l’attitude de l’une ou de l’autre, selon les circonstances ou notre état intérieur. Autour de nous, car nous reconnaissons parfois leurs traits chez nos proches, nos familles ou nos confrères que nous avons parfois tendance à juger, selon qu’ils penchent davantage vers l’action ou vers la contemplation. Nous oublions parfois que l’essentiel n’est pas de choisir une posture une fois pour toutes, mais d’apprendre à discerner, à chaque moment, ce qui est le meilleur : écouter ou agir, selon ce que demande la présence du Christ ici et maintenant.

Jésus, disant à Marthe : « Tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses », pointe du doigt une tension intérieure causée par les préoccupations du quotidien. Il invite à la confiance, au lâcher-prise et à la paix du cœur. La vie spirituelle grandit dans le détachement intérieur qui est une condition nécessaire pour accueillir pleinement la présence de Dieu dans l’instant présent. Au-delà des rôles distincts des deux sœurs, c’est la qualité de leur accueil du Christ qui est mise en lumière. La véritable hospitalité naît d’un cœur ouvert, bienveillant et généreux, capable d’accueillir l’autre tel qu’il est, avec simplicité et joie.

Retenons du message de ce dimanche que l’hospitalité est un lieu sacré où Dieu se laisse rencontrer. Abraham, accueillant les trois étrangers en est l’un des plus beaux exemples (Gn 18, 1-10). Encore aujourd’hui, nous pouvons sans le savoir accueillir chez nous des anges (cf He 13,2) ou tout simplement rater de belles occasions de rencontre avec le divin. À l’heure où certains se sentent parfois étrangers au sein même de leur propre famille, cette Parole nous interpelle : comment un humble inconnu pourrait-il encore espérer recevoir chez nous, ne serait-ce qu’un simple verre d’eau offert avec bonté ?

P. Jackson Fabius, smm