1er Dimanche de Carême

26 février 2023

Le Carême : temps pour combattre nos tentations

Depuis quatre jours, le mercredi des Cendres, nous sommes entrés dans le temps du Carême. Jusqu’au VIIe siècle, le Carême commençait le dimanche de la « Quadragésime » c’est-à-dire quarante jours avant Pâques. Mais en tenant compte des dimanches pendant lesquels le jeûne était interrompu, le nombre de jours de Carême effectif jusqu’à Pâques se trouvait inférieur à quarante ; pour rester fidèle à ce chiffre (quarante ans de traversée du désert par les Hébreux, quarante jours de jeûne du Christ dans le désert…) on avança le début du Carême au mercredi précédant le dimanche de la « Quadragésime » ; le mercredi des Cendres.

Il faut d’abord se rappeler le symbolisme attaché à la cendre dans l’Ancien Testament, et repris dans le rite du mercredi des Cendres ; la cendre est la représentation à la fois du péché et de la fragilité de l’homme. Ce couvrir de cendres, c’est exprimer sa douleur au sein de l’épreuve, mais c’est aussi manifester sa conscience et son regret du péché et son espérance dans la miséricorde de Dieu.

Le temps de Carême est une période propice à la conversion « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » nous dit le célébrant lors de l’imposition des cendres. La Carême nous invite, comme l’écrit Matthieu au chapitre 6, au partage, à l’aumône, « Que ta main gauche ignore ce que fait la main droite ». Le Carême moment favorable pour consacrer du temps à la prière « Retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ». Le Carême, temps de jeûne et d’abstinence ; démarche personnelle : « Ton jeûne ne sera connu des hommes mais seulement de ton Père qui est présent dans le secret ».

L’Évangile de ce premier dimanche de Carême nous relate la tentation de Jésus au désert, après son baptême dans le Jourdain. Qu’a voulu dire Matthieu de ce retrait de Jésus alors qu’il n’y a pas de témoin oculaire ? Comme tout juif pieux, formé par la pratique familiale du culte, Jésus répète trois fois par jour le Shema Israel qui fait référence au Deutéronome ; « Écoute, Israël ! Le Seigneur notre Dieu est le Dieu un. Tu aimeras Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces… » Constamment, il prie, bénit celui qu’il appelle son Père, vit une union totale et mystérieuse avec lui, en cœur à cœur, en oraison constante. Il se retire dans un lieu écarté et solitaire, souvent sur un sommet, y passe la nuit.

Jésus a bien été tenté. Mais ces tentations sont aussi un condensé de celles qu’a connues le peuple hébreu au désert : tentation de la faim, de la soif, mise à l’épreuve le Seigneur Dieu ou de l’idolâtrie. Elles annoncent la manière dont Jésus entend aborder sa mission : il ne la détournera pas du service des hommes pour une vaine gloire humaine. Il ne sera pas le messie temporel et glorieux, roi de guerre chassant les Romains, attendu par la multitude de ses compatriotes. Il ne s’emparera pas des royaumes de ce monde.

Si la Parole entendue aujourd’hui premier dimanche de Carême, nous éclaire sur ce que sera notre Carême 2023, il me semble intéressant d’y découvrir comment se manifeste la tentation, comment ont réagi les personnes tentées et les effets ainsi provoqués. À travers l’expérience d’Adam et Ève tout d’abord (Gn 3, 1-7), et de Jésus ensuite (Mt 4, 1-11). C’est hélas tout le contenu de nos combats spirituels qui se révèle à nous.

Chrétiens, nous sommes conviés à suivre le Maître, il nous a montré les pièges à éviter, l’orgueil, l’ambition, l’idolâtrie… Par l’aumône, la prière et le jeûne préparons-nous à vivre pleinement et saintement la Pâques du Christ.

Jean-Marie Quétier (Diacre)