15e Dimanche du Temps Ordinaire
13 Juillet 2025 – Année C
(Dt 30, 10-14 ; Col 1, 15-20 ; Lc 10, 25-37)
Partages d’Évangile des missionnaires
Encore ce dimanche, nous continuons à faire route avec Jésus montant à Jérusalem. Les soixante-douze, ayant accompli leur mission, sont dans l’euphorie générale (Lc 10,17). Jésus leur rappelle toutefois la véritable raison qui devrait motiver leur joie : “Réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux” (Lc 10,20). Lui aussi, exultant de joie, proclame la louange du Père qui a daigné révéler aux tout-petits ce qu’il a caché aux sages et aux savants (Lc 10,21). C’est dans ce contexte qu’entre en scène un docteur de la Loi avec une question insidieuse : “Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?” Que pouvons-nous découvrir dans l’Évangile de ce dimanche ?
Ce passage nous permet de comprendre que le Royaume, loin d’être l’apanage d’un groupe privilégié, est une réalité ouverte à tous. C’est une semence jetée à tout vent, capable de porter du fruit là où l’on s’y attend le moins. Saint Luc veut nous amener à une intelligence du cœur, par opposition à une intelligence purement légaliste. Si des sommités comme ce docteur de la Loi, le notable en Lc 18,18 ou Nicodème en Jn 3, ne parviennent pas à saisir l’essentiel du Royaume, c’est que l’humilité des cœurs simples, elle, permet d’y entrer. L’intelligence de la Loi ne suffit pas pour hériter du mystère du Royaume : il nous faut l’intelligence du cœur, que l’on peut définir comme cette sagesse qui transcende la simple logique intellectuelle. Quelqu’un dirait : “Elle est cette capacité à percevoir, ressentir et agir avec amour, compassion et discernement, en accord avec la volonté divine. C’est une intelligence spirituelle qui se manifeste dans la relation à Dieu et aux autres, et qui est souvent associée à la foi et à la charité.”
Que dois-je faire ? Jésus retourne la question, invitant le spécialiste de la Loi à répondre lui-même, à partir de la Loi. Pour Jésus, la réponse se trouve dans l’Écriture. Il lui demande aussi : “Comment lis-tu ?” Cette question souligne l’importance de l’interprétation personnelle. Le problème n’est donc pas la Loi elle-même, mais bien notre manière erronée de l’interpréter à des fins égoïstes. En effet, le piège dans la question du docteur réside dans sa volonté de réduire l’amour du prochain à une définition étroite et légaliste : il cherche à établir des critères précis, des frontières géographiques ou sociales, pour délimiter son devoir d’amour. Or, la parabole du Samaritain offre une juste manière d’interpréter la Loi en ce qui concerne l’amour de Dieu et du prochain. D’une part, elle nous enseigne que la fraternité et la solidarité n’ont pas de frontières. D’autre part, elle révèle que la semence du Royaume est présente dans toutes les cultures.
La figure du Samaritain symbolise ces cœurs simples que nous reléguons souvent dans l’ombre, mais qui renferment le terreau dans lequel grandit et fleurit le Royaume. L’homme blessé par les brigands représente bien l’ensemble des victimes, souffrant sous le regard indifférent des uns et des autres dans nos familles et nos communautés. La route de Jéricho n’est pas seulement un lieu géographique : elle symbolise les chemins de nos vies où s’entassent les blessés que nous côtoyons au quotidien. Le prêtre, comme le lévite, avait peut-être des motifs valables pour poursuivre sa route. Mais le Samaritain, mû par la compassion, ne pouvait ignorer cette souffrance. Comme lui, ouvrons grand nos yeux à la détresse de nos frères. Laissons-nous imprégner par cette intelligence du cœur, sans laquelle toute spiritualité demeure stérile.
P. Jackson Fabius, smm