Méditation du 13ème dimanche du Temps ordinaire, A.

(2 R 4, 8-11.14-16a ; Rm 6, 3-4.8-11 ; Mt 10, 37-42)

Comment entendre aujourd’hui ce passage de l’Évangile où Jésus dit : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi » (Mt 10,37).

Dans la prière embrasée, en demandant à Dieu des missionnaires, Saint Louis Marie Grignon de Montfort, aborde dans le même sens : « Qu’est-ce que je vous demande ? Liberos : des prêtres libres de votre liberté, détachés de tout, sans père, sans mère, sans frères, sans sœurs…selon le monde ».

Que signifie l’expression « Plus que moi… » dans l’évangile ? Jésus serait-il en train de mettre en conflit l’amour pour notre famille avec l’amour pour lui ? S’agirait-il d’une comparaison entre un amour supérieur par rapport à un amour inferieur ? L’amour pour le Christ supprimerait-il l’amour pour la famille ?

Dans l’Église catholique, il a fallu attendre la publication de l’encyclique Divino Afflante Spiritu du Pape Pie XII en 1943, pour découvrir les genres littéraires dans la Bible. L’expression « plus que moi » est un « genre littéraire » propre au monde oriental, qui ne signifie pas une comparaison de supériorité et d’infériorité, ni une préférence, comme dans notre grammaire.

L’expression « Plus que moi » dans l’évangile signifie que l’amour pour le Christ doit se trouver au centre de toutes nos relations humaines : plus l’amour pour le Christ est au centre, plus notre relation avec notre famille sera en bonne santé. La qualité de nos relations avec notre famille dépend de la qualité de notre relation avec le Christ.

Quand saint Matthieu écrivait son évangile, il s’adressait aux croyants appartenant au judaïsme, qui se convertissaient au christianisme. Les membres de leurs familles, mordus dans le judaïsme, devenaient un obstacle pour ceux qui voulaient devenir disciples du Christ.

On ne peut pas prétendre aimer le Christ sans aimer ses frères : « Si quelqu’un dit j’aime Dieu et qu’il déteste son frère, celui-là est un menteur » (1Jn4, 20). Dieu Lui-même ne nous demande-t-il pas d’honorer nos parents ? : « Honore ton père et ta mère » (Exode 20,12).

Être disciple du Christ, c’est savoir intégrer et articuler l’amour vertical : l’amour pour le Christ avec l’amour horizontal : l’amour pour notre famille. Là où les deux amours se rencontrent et se croisent s’appelle la croix. Et c’est cette croix que Jésus nous demande de porter : « celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi » (Mt 10,38).

Bon début d’été à tous !

Jean-Baptiste Bondele, Montfortain