Partage d’Évangile – Christ-Roi / C

Dimanche 20 novembre 2022
2S 5, 1-3 ; Col 1, 12-20 ; Lc 23, 35-43

Partages d’Évangile des missionnaires

Sujets d’un Messie crucifié

Quel paradoxe ! Pour fêter notre Christ-Roi, l’Église nous propose aujourd’hui de contempler Jésus sur la Croix. Il porte bien une couronne mais elle est faite d’épines ; son trône est le bois de la croix et la proclamation de son investiture royale est une condamnation à mort clouée au-dessus de sa tête : « Celui-ci est le roi des Juifs ! ». Oui, Jésus est Roi, mais à la manière de Dieu. Qui le reconnaîtra ?

« Le peuple restait là à observer », dépassé par l’événement. Ce bon peuple n’y comprend plus rien. Ils ont attendu le Messie comme un roi, un nouveau David. Oui, ils avaient cru comprendre que Jésus venait « restaurer la royauté en Israël ». Et il était là, condamné à mort ! « Le peuple restait là à observer ».

« Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : ‘Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu !’ » A la différence des petites gens du peuple qui regardent en silence, déçus dans leur espoir… les « chefs » ricanent et lancent un défi. Leur défi, c’est précisément que Jésus montre sa « royauté messianique ». Si Jésus est le Christ, s’il est le Sauveur du monde, qu’il se sauve d’abord lui-même ! Et Jésus se tait. Il se laisse accuser d’être impuissant et inexistant. Jésus, comme Dieu, n’a jamais cédé à la tentation d’utiliser sa Toute-Puissance pour lui-même.

« Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant : ‘Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !’ »

Ces païens de l’armée d’occupation utilisent aussi par dérision le titre de « Roi » qu’ils voient inscrit en haut de la Croix et lui lancent le même défi que les chefs juifs.

« L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : ‘N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi !’ » Et toujours ce cri de dérision : montre que tu es roi !

Et dans ce mépris universel, voici qu’une faible et pauvre voix ose se glisser : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il murmure une prière toute simple qui traversera tous les siècles, prière du pauvre entre les pauvres. Elle jaillit de son cœur : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Par quelle grâce a-t-il pu percevoir dans ce condamné à mort un Souverain en majesté ?

Cette attitude de confiance et d’abandon est à peine croyable de la part « d’un hors-la-loi ». Dans l’Évangile de saint Luc, c’est la dernière parole de Jésus avec un confrère en humanité́. Jésus lui annonce qu’en mourant ensemble, ils se retrouveront ensemble au paradis.

Comme cet homme, nous nous tournons vers le Seigneur : « Souviens-toi de nous ». Souviens-toi de ce monde ; Souviens-toi des chrétiens persécutés ; souviens-toi de ceux et celles qui vont à la dérive. Souviens-toi des personnes éprouvées par la maladie, les infirmités, la précarité́, l’exclusion. Souviens-toi de ceux et celles qui vivent sans espérance et sans amour. Tu es le Roi de l’univers. Tu veux rassembler tous les hommes dans ton Royaume. Nous avons la ferme espérance qu’un jour tu nous diras : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ».

Fr. Jean FRIANT, FSG