5ème Dimanche de Pâques

28 avril 2024

(Ac 9, 26-31 ; 1 Jn 3, 18-24 ; Jn 15, 1-8)

Partages d’Évangile des missionnaires

« Moi, je suis la vigne et vous, les sarments »

Si l’eau est l’élément fondamental de la vie pour toutes les créatures de la terre, et le réchauffement climatique nous le rappelle douloureusement, le pain de froment, le vin et l’huile d’olive sont des présents typiques de la civilisation méditerranéenne. Ces trois présents se différencient selon leurs caractéristiques ; par conséquent ils ont chacun des fonctions symboliques spécifiques. Le pain, nourriture de base qui appartient aux pauvres comme aux riches, il exprime la bonté de la création et du Créateur. Le vin par contre représente la fête (Noces de Cana). Il fait sentir aux hommes la beauté de la Création. Pour finir, l’huile donne la force et beauté à l’homme, elle a des vertus nutritives et curatives. Dans l’onction du baptême, de l’ordination, de l’onction des malades… elle est le symbole d’une sollicitation plus grande.

La parabole de la vigne dans le discours d’adieu de Jésus prolonge toute l’histoire de la pensée et du discours bibliques autour de la vigne et du vin, et s’ouvre à une ultime profondeur : « Je suis la vraie vigne » (Jn 15, 1), dit le Seigneur. Ce qui importe d’abord dans cette phrase, c’est l’adjectif « vraie ». Lui est la vraie vigne. Mais ce qui est le plus important dans cette phrase, c’est la tournure « Je suis ». Le Fils lui-même s’identifie à la vigne, il est devenu lui-même la vigne. Il s’est laissé planter dans la terre. Il est entré dans la vigne. Le mystère de l’Incarnation, dont Jean a parlé dans le prologue, est repris de manière surprenante. Le Fils est pour toujours identifié à la vigne. Cette vigne ne pourra plus jamais être arrachée, elle ne pourra plus jamais être livrée à l’abandon ni au pillage. Elle appartient définitivement à Dieu.

Que par le Christ, la vigne soit le Fils lui-même, voilà une réalité qui est à la fois nouvelle et déjà annoncée par la tradition biblique. Isaïe dans l’Ancien Testament : « Que je chante à mon bien-aimé le chant de mon ami pour sa vigne » (Is 5,1), ou encore dans le psaume « Visite cette vigne : protège-la, celle que ta droite a plantée » (Ps 80 (79) v 15).

Le Fils est devenu lui-même la vigne, il continue justement de cette façon à ne faire qu’un avec les siens, avec tous les enfants de Dieu dispersés qu’il est venu rassembler. La vigne en tant qu’élément christologique contient toute une ecclésiologie, elle signifie l’union indissoluble de Jésus avec les siens qui, par lui et avec lui, sont tous la vigne et dont la vocation consiste à ‘demeurer’ dans la vigne.

La vigne ne peut plus être arrachée, elle ne peut plus être livrée au pillage, mais elle a toujours à nouveau besoin d’être nettoyée, purifiée. « Purification, fruit, demeurer, commandement, amour, unité » ; voilà les grands mots clés du drame d’être dans la vigne, dans le Fils et avec Lui, drame que, par ses paroles, le Seigneur pose devant notre âme. Cette purification, l’Église et l’homme en ont sans cesse besoin. Les processus de purification, aussi douloureux que nécessaires, traversent toute l’histoire ; ils traversent la vie des hommes qui se sont donnés au Christ. Dans cette purification, le mystère de la Mort et de la Résurrection est toujours présent.

La purification vise à obtenir des fruits, nous dit le Seigneur. Mais quel est le fruit qu’il attend ? Regardons d’abord le fruit qu’il a porté lui-même dans sa mort et sa résurrection. Isaïe et toute la tradition prophétique avaient dit que Dieu attendait de sa vigne des raisins et donc un vin délicieux.

C’est une image de la justice, de la droiture qui se forme grâce à la vie dans la Parole de Dieu, dans la volonté de Dieu.

La purification et le fruit vont ensemble. C’est seulement parce que Dieu nous purifie que nous pouvons porter le fruit qui débouchera sur le mystère eucharistique pour conduire ainsi vers les noces qui sont le dessein de Dieu sur l’histoire. Le fruit et l’amour forment un tout. Le vrai fruit, c’est l’Amour qui est passé par la Croix, par les purifications pratiquées par Dieu.

« Je suis la vraie vigne, et vous, les sarments ! » nous dit Jésus.

« Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits ». Seigneur brûle en nous tout ce qui n’est pas nourri de ta sève.

Jean-Marie Quétier (Diacre)